Saturday, January 26, 2008

Louis de Cazenave

Comme je le disais ici le 11 novembre 2006, le macabre et indigne compte à rebours continue : après la mort de Louis de Cazenave, il ne reste plus qu'un seul "poilu", Lazare Ponticelli, comme tous les médias nous l'ont expliqué avec précision.

Ces deux derniers survivants avaient la même position concernant les obsèques nationales que Chirac voulait pour le dernier survivant : le refus. Ils préfèraint, de manière compréhensible, être enterrés dans l'intimité et près des leurs. Lazare Ponticelli, désormais dernier survivant et donc concerné au premier chef, a pourtant fini par accepter il y a peu l'éventualité d'une cérémonie officielle. Est-il vraiment décent d'exercer des pressions sur un vieil homme ?

Louis de Cazenave avait ces mots pour l'exprimer : "Les médailles ? Certains de mes camarades n'ont même pas eu le droit à une croix de bois !"

La mythologie de l'héroïsme que l'État continue à maintenir autour des anciens combattants de la Première Guerre Mondiale, qui ne sont rien d'autre que des victimes de la stupidité et du nationalisme, on ne le répétera jamais assez, est assez répugnante. Ils n'étaient pas d'accord avec ce qu'on leur infligeait. Certains ont été fusillés à cause de ça. Encore quelques citations de feu Louis de Cazenave :

"Il faut avoir entendu les blessés entre les lignes. Ils appelaient leur mère, suppliaient qu'on les achève. C'était une chose horrible. Les Allemands, on les retrouvait quand on allait chercher de l'eau au puits. On discutait. Ils étaient comme nous, ils en avaient assez"

"La guerre ? Hay hay hay ! Un truc absurde, inutile ! A quoi ça sert de massacrer des gens ? Rien ne peut le justifier, rien !"

"La gloire, l'héroïsme ? De la fumisterie !"

"Le patriotisme ? Un moyen de vous faire gober n'importe quoi !"

"La Légion d'honneur ? Je m'en serais bien passé. Dites-le bien que l'État n'a pas été correct avec moi"

Sa sagesse était le fruit de l'expérience. Une dernière chose : ce 1er janvier, le dernier "poilu" allemand, Erich Kästner, est mort. Enfin, on suppose, puisqu'ils n'ont pas été recensés avec la même précision morbide qu'en France. Les médias en ont parlé, un peu, mais il n'y a pas eu ce déchaînement auquel on assiste en France. Vous, je ne sais pas, mais moi, ça me parait quand même plus digne, après tout ce qu'on leur a fait subir.

2 comments:

Anonymous said...

Merci pour l'hommage, l'Alsacien.

Traroth said...

Oui, je trouve indécent tout ce cirque autour des derniers poilus, et je ne manque pas de le répéter. Merci à vous pour votre approbation :-)