Thursday, January 31, 2008

La misère des stagiaires en France

Xavier Bertrand, ministre du Travail, des Relations Sociales et de la Solidarité (!) du gouvernement de Sarkozy, a lancé aujourd'hui une magnifique idée : imposer aux employeurs de rémunérer les stagiaires, ce qui est théoriquement déjà obligatoire depuis 2006 (malheureusement, les décrets fixant les montants ne sont jamais parus...).

Il fixe dans son projet comme rémunération minimum 30% du SMIC, pour les stages d'au mois 3 mois, exonérés de charges patronales, bien entendu (en ce moment, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais à chaque fois que ce gouvernement prend une mesure, il l'accompagne d'une exonération de charge. Ca m'étonnerais que la Sécurité Sociale survive longtemps à ce traitement)...

30% du SMIC, voyoooons voiiiiir... Le SMIC est actuellement à 1005,35 € mensuels... 30%, on arrive à 301,61 € (en arrondissant vers le haut).

J'ai changé d'emploi en mars dernier. Avant, je travaillais dans une société qui proposait des services pour téléphonie mobile. Campagne marketing, jeux par SMS, portail Wap, ce genre de choses. Cette société fonctionne beaucoup avec des stagiaires (et c'est un euphémisme). En fait, c'est même un bagne à stagiaires : horaires de folie, travail pénible, rémunération ridicule, aucune embauche à la clé (pourquoi embaucher alors qu'on prendre d'autres stagiaires ?). C'est une des raisons pour lesquelles je suis parti : en tant que chef de projet, je ne pouvais plus voir ça, et surtout y participer (c'est loin d'être la seule raison : le reste de ce qu'on pourrait dire de cette boîte est à l'avenant !).

Rémunération ridicule, ça veut dire dans les 400 €, c'est à dire un niveau de revenu qui ne permet absolument pas de vivre à Paris. Mais on est encore loin des 300 € proposés par Bertrand !

Spéculons un peu : quel "employeur" (je dis employeur pour la compréhension. Vu la situation, je devrais parler d'esclavagiste) va rémunérer ses stagiaires à plus de 301,61 € alors qu'il sait que c'est une norme communément admise et à laquelle les stagiaires vont même s'attendre ? En d'autres termes, cette loi va proposer un nivellement vers le bas de la rémunération des stagiaires.

Ce n'est pas le seul projet gouvernemental dans le domaine : le rapport Attali propose ni plus ni moins que d'imposer un an de stage aux étudiants en master !

Outre l'aspect totalement immoral de ce retour à la corvée médievale, on se rend bien compte que ces stages vont être consommateurs d'emploi : ils vont remplacer de véritables emplois, dont des gens auraient pu vivre ! Et pire encore, créer une sélection sociale parmi les gens qui voudront passer un master : à 301,61 € par mois, il faudra avoir de solides réserves financières pour tenir un année !

Le collectif Génération Précaire propose de rémunérer les stagiaires à 50% du SMIC durant les 3 premiers mois, et à 80% au-delà. Vous, je ne sais pas, mais personnellement, je trouve cette proposition tout à fait raisonnable.

Monday, January 28, 2008

Mittal

En 1999, le géant français de la sidérurgie Usinor vend son usine de Gandrange, en Lorraine à l'indien Ispat.

En 2002, la fusion de trois géants de la sidérurgie européenne, Usinor (France), Aceralia (Espagne) et Arbed (Luxembourg) donnait naissance à Arcelor. Cette entreprise était alors le numéro 1 mondial de l'acier et employait 98000 personnes.

En 2004, le groupe indien Mittal Steel devient numéro 1 mondial de l'acier. Il rachète notamment Ispat.

En 2006, le groupe Mittal lance une OPA hostile sur Arcelor. Après des mois de négociation et de péripéties, la fusion se fait sans que le gouvernement français ou les autorités européennes n'aient tenté sérieusement de l'empêcher. Le nouveau groupe prend le nom de ArcelorMittal.

Bien entendu, Mittal a donné toutes les garanties sociales aux autorités françaises, ainsi syndicats, dont certains l'ont même cru. Autant de naïveté est désarmante, je trouve. On n'en imaginerait pas autant à l'UIMM, par exemple...

En 2008, ArcelorMittal annonce de 600 à 700 suppressions d'emploi à l'usine de Gandrange.

Dans un contexte où la demande mondiale d'acier n'a jamais été aussi forte, on peut se demander la raison de cette baisse de surface.

En cause, la vétusté de l'outil de production. ArcelorMittal va donc supprimer le four et le laminoir lourd, ne laissant que le laminoir à fil et des activités de recherche. Autant dire que le site est condamné, comme le disent les syndicats. Ben oui, il faut investir, la marge, c'est pas que du bénéfice, hein !

Pendant ce temps-là, ArcelorMittal continue pourtant à construire des usines. En Inde. Autant dire que les Lorrains n'ont pas fini de pointer à l'ANPE !

Et pas la peine de compter sur Sarkozy pour arranger les choses, à mon avis. Il s'entretient aujourd'hui avec Lakshmi Mittal, mais si je peux me permettre un pronostic, il n'en ressortira rien de concret. Après, est-ce que Mittal va faire dans le symbolique pour permettre à Sarkozy de sauver la face ou est-ce que Sarkozy va finir par reconnaître son impuissance (ce dont il commence à prendre étrangement l'habitude. On voit que l'élection présidentielle est passée. On ne rase plus gratis...), difficile à dire. Peut-être que nos médias si impartiaux vont mettre l'étouffoir sur cette histoire et qu'on n'en entendra plus parler, laissant les (ex-)salariés les fesses dans la merde ? Ca me parait possible, et vous ?

Saturday, January 26, 2008

Louis de Cazenave

Comme je le disais ici le 11 novembre 2006, le macabre et indigne compte à rebours continue : après la mort de Louis de Cazenave, il ne reste plus qu'un seul "poilu", Lazare Ponticelli, comme tous les médias nous l'ont expliqué avec précision.

Ces deux derniers survivants avaient la même position concernant les obsèques nationales que Chirac voulait pour le dernier survivant : le refus. Ils préfèraint, de manière compréhensible, être enterrés dans l'intimité et près des leurs. Lazare Ponticelli, désormais dernier survivant et donc concerné au premier chef, a pourtant fini par accepter il y a peu l'éventualité d'une cérémonie officielle. Est-il vraiment décent d'exercer des pressions sur un vieil homme ?

Louis de Cazenave avait ces mots pour l'exprimer : "Les médailles ? Certains de mes camarades n'ont même pas eu le droit à une croix de bois !"

La mythologie de l'héroïsme que l'État continue à maintenir autour des anciens combattants de la Première Guerre Mondiale, qui ne sont rien d'autre que des victimes de la stupidité et du nationalisme, on ne le répétera jamais assez, est assez répugnante. Ils n'étaient pas d'accord avec ce qu'on leur infligeait. Certains ont été fusillés à cause de ça. Encore quelques citations de feu Louis de Cazenave :

"Il faut avoir entendu les blessés entre les lignes. Ils appelaient leur mère, suppliaient qu'on les achève. C'était une chose horrible. Les Allemands, on les retrouvait quand on allait chercher de l'eau au puits. On discutait. Ils étaient comme nous, ils en avaient assez"

"La guerre ? Hay hay hay ! Un truc absurde, inutile ! A quoi ça sert de massacrer des gens ? Rien ne peut le justifier, rien !"

"La gloire, l'héroïsme ? De la fumisterie !"

"Le patriotisme ? Un moyen de vous faire gober n'importe quoi !"

"La Légion d'honneur ? Je m'en serais bien passé. Dites-le bien que l'État n'a pas été correct avec moi"

Sa sagesse était le fruit de l'expérience. Une dernière chose : ce 1er janvier, le dernier "poilu" allemand, Erich Kästner, est mort. Enfin, on suppose, puisqu'ils n'ont pas été recensés avec la même précision morbide qu'en France. Les médias en ont parlé, un peu, mais il n'y a pas eu ce déchaînement auquel on assiste en France. Vous, je ne sais pas, mais moi, ça me parait quand même plus digne, après tout ce qu'on leur a fait subir.

Wednesday, January 23, 2008

Religion

Suite aux déclarations de Sarkozy concernant Dieu et la religion, à Rome et Riyad, j'éprouve le besoin, en tant que Français (et par tant, impliqué en principe par les déclarations de cet individu supposé me représenter), de redire mon attachement à la liberté religieuse, qui implique aussi la liberté de ne pas croire et de le dire.

Personnellement, je suis agnostique par simple logique et athé par choix personnel.

Agnostique, c'est à dire que je pense qu'il est impossible d'avoir des réponses à aucune des questions que posent les religions (l'univers a-t-il été créé et si oui par qui ? Qu'y a-t-il avant la naissance et après la mort ? La vie a-t-elle un but et si oui lequel ? etc). Ces choses sont par nature inconnaissables, et ceux qui prétendent avoir des réponses, c'est à dire les différents clergés, gourous ou prophètes, sont des menteurs. Ce qui ne veut pas dire que je veux leur interdire de parler, simplement que je ne suis pas d'accord pour leur permettre d'étendre leur influence sur des sujets séculiers, comme la politique.

Athé, cela veut dire que je choisis de ne pas croire à l'existence d'un quelconque être d'essence divine, même si je suis conscient qu'il n'y a pas plus de preuve de la non-existence d'un dieu quelconque que de son existence. Simplement, puisqu'il n'y a pas de raison de croire plus les hindouistes que les juifs ou les scientologues, je choisis de croire en l'indépendance et la souveraineté de l'Homme, et donc en l'inexistence de Dieu, ce qui permet d'être beaucoup plus libre.

Je choisis de croire en l'Humanité et dans sa capacité à améliorer son propre sort, collectivement. C'est une croyance issue d'un choix conscient, qui, je m'en rends bien compte, n'a rien d'évident, mais qui me parait nécessaire pour continuer, en l'absence de toute possibilité d'une espèce de Jugement Dernier ou autre forme de rédemption issue d'une intervention divine, où tous les torts seraient redressés et où la Vérité serait dite une fois pour toutes.

Interdire aux agnostiques et aux athés de s'exprimer ou les désapprouver publiquement quand on est dans une position d'autorité, comme l'a fait Sarkozy, signifie la fin de la véritable liberté religieuse dans notre pays, et ça, ça n'est pas une bonne chose. Je vous invite à vous y opposer.

Tuesday, January 22, 2008

Malaaade...

Depuis ce week-end, un petit virus affectueux me tient compagnie. Comme je ne me sentais pas bien du tout hier, j'ai téléphoné à mon employeur pour lui annoncer que je ne viendrais pas, avant de me recoucher. J'ai précisé que je rappelerais une fois fixé sur la durée de mon absence, en sortant de chez le médecin.

Après un long sommeil, je réussis finalement à rassembler suffisamment d'énergie pour me tirer de mon lit pour me traîner péniblement chez le médecin. Celui-ci me préscrit quelques médicaments qui montrent qu'il est visiblement adepte de la chronothérapie (quelques gouttes dans le nez et des cachets d'ibuprofène. Ca valait vraiment la peine...), et me préscrit un arrêt de travail... d'une journée, le jour même, donc.

Me voila donc aujourd'hui au travail, tout fiévreux, toussant, me mouchant, mal en point et sans doute contagieux. Et en tout cas pas formidablement productif.

Quelle grande conquête que la Sécurité Sociale...

Tuesday, January 15, 2008

Impertinent

Quand Anne Roumanoff commente l'actualité sarkozienne façon brève de comptoir, ça donne ça. C'est impertinent (insolent ?), enlevé, spirituel, bien trouvé, grivois sans être (trop) vulgaire et surtout drôle. L'esprit de Coluche n'est pas complètement mort...

Reste à espérer qu'elle ne paie pas trop cher pour avoir osé ce que plus personne n'ose.




Et Drucker en train de rire jaune, c'est assez marrant aussi...

UIMM

Les syndicats, ça a tendance à éveiller ma méfiance, pour des raisons analogues que pour les politiques : des gens qui prétendent défendre les salariés, souvent à temps plein, et qui ont très souvent perdu toute capacité d'indignation, je me demande à quoi ils peuvent bien servir. Franchement, on ne va pas se le cacher : le scandale de corruption de l'UIMM n'est une surprise pour personne, quand on voit la manière dont certains syndicalistes copinent presque ouvertement avec le patronat et les gouvernements de droite, et ce depuis 15 ans. Et dans la logique patronale, il est évident que graisser la patte de ceux qui peuvent décider s'il y aura une grève ou pas, alors qu'elle ne les concerne pas directement (étant des syndicalistes professionnels, ils ne sont que rarement concernés par les décisions auxquelles ils choisissent ou non de s'opposer), c'est forcément un objectif prioritaire. Par exemple, quand on voit comment la CFDT s'est comportée lors des réformes Juppé en 1995, on se pose des questions...

Et je ne pense pas que la condamnation de Gautier-Sauvagnac (pas encore acquise) y changera quoi que ce soit. J'entendais encore un syndicaliste, hier, sur France-Info, expliquer que le projet d'accord entre "partenaires sociaux" concernant la réforme du code du travail, voulue par Sarkozy, était équilibré, et que les salariés y gagneraient, dans certains domaines. En particulier, les chômeurs devraient bénéficier du Droit Individuel de Formation et de leur complémentaire santé, ce qui intéressant, mais parait bien dérisoire par rapport à ce qu'on va perdre : Contrat de mission, allongement de la période d'essai, et je ne peux pas m'empêcher de me demander ce que cache la "rupture à l'amiable", puisque rien n'empêche déjà l'employeur et le salarié de s'entendre de manière informelle quant aux modalités de la fin du contrat de travail, démission ou licenciement.

Le principe dit de "flexisécurité", mot-valise créé à partir de "flexibilité" (des emplois) et de sécurité (des salariés), est à mon avis une vaste arnaque : on va avoir la flexibilité, mais je doute qu'on ait la sécurité. D'ailleurs, quand on voit la teneur du projet, on se demande où y figure cette dernière...

Personnellement, en tant qu'informaticien, j'ai travaillé en SSII. Je me rends parfaitement compte que le contrat de mission va profondément transformer la vie dans ces entreprises, dont les emplois vont devenir extrêmement précaires (au temps pour la sécurité). Si les syndicats laissent faire ça sans protester, mon opinion concernant les syndicats sera définitive.

Monday, January 14, 2008

Le retour de la police de proximité

La police de proximité, c'est une police proche des habitants, capable d'anticiper et donc de prévenir les conflits, crimes et délits, réactive, qui connait le terrain, en d'autres termes : vraiment au service de la population.

Le concept, lancé par Balladur sous Mitterrand en 1995, est resté lettre morte durant la première partie du mandat de Chirac, quand Juppé était Premier ministre. Il fallut attendre Jospin et 1999 pour qu'il se concrétise. Chevènement était alors ministre de l'Intérieur.

Sarkozy, dès son arrivé au ministère de l'intérieur en 2002, entreprit de saper la police de proximité, la critiquant constamment, jusqu'à l'Assemblée nationale :
J’ai préféré remobiliser les forces de sécurité sur leur cœur de métier", avait expliqué M. Sarkozy, en fustigeant la gauche et sa "conception hémiplégique de la police de proximité qui n’était en fait que du laxisme et de la faiblesse déguisés
(le Monde, 2005),
Votre rôle n’est pas de jouer au football avec les jeunes des quartiers, mais de vous mettre au travail
(Toulouse, 2003)...

Aujourd'hui, Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy lance les "unités territoriales de quartiers". De quoi s'agit-il ? D'une police de proximité.

Personnellement, je suis très content qu'on revienne sur l'erreur qu'a été la suppression de la police de proximité. On est toutefois en droit de se demander ce qu'il faut en conclure concernant le thème électorale de la sécurité, qui a permis a la droite de se faire élire en 2002 et 2007. Quand je me souviens de émeutes qu'on a vu ces dernières années, comme en 2005 par exemple, je me dis qu'il aurait sûrement été possible d'en faire l'économie et je me demande à quoi pensait l'imbécile qui a supprimé la police de proximité...

En bonus, une petite vidéo où Nicolas Sarkozy dit tout le mal qu'il pense de la police de proximité, et surtout qui montre la manipulation mise au point par les services de l'alors ministre de l'Intérieur pour "avoir la peau" de la police de proximité :

Bush, l'Iran et la bombe

Ce livre d'Eric Laurent est intéressant. Commençons par en dire du mal : On a l'impression, à tort ou à raison, que l'auteur cherche à "frimer" en évoquant ses nombreuses rencontres avec les "puissants" d'hier et d'aujourd'hui. C'est un peu agaçant. De plus, certaines des ses affirmations sont également difficiles à croire, comme quand il dit que le bombardement du réacteur irakien d'Osirak par l'aviation israélienne visait à protéger l'Iran de Khomeiny d'une éventuelle attaque nucléaire irakienne.

En dehors de ces quelques points, ce livre expose clairement la situation du conflit larvé entre les Etats-Unis et l'Iran, en la replaçant dans sont contexte historique (le programme nucléaire à l'époque du Shah) et géographique (les intérêts de l'Iran dans le conflit en Irak). Et surtout, il révèle qu'une guerre d'invasion similaire à celle menée en Irak est planifiée de longues dates par Bush et sa troupe de criminels de guerre. D'après l'auteur, cette invasion était déjà prévue avant la guerre en Irak et même avant le 11 septembre.

Thursday, January 10, 2008

Détention secrète

Ce film parle des enlèvements de "terroristes" par la CIA, qui les emmène dans des pays-tiers afin de les faire "interroger" par des tortionnaires .

Un Egyptien dans la trentaine, résident aux Etats-Unis depuis 20 ans, marié avec une Américaine, père d'un enfant et d'un autre à venir (Reese Witherspoon promène son ventre arrondi à travers tout le film), ingénieur chimiste, aisé, est enlevé par la CIA à sa descente d'avion, au retour d'un voyage d'étude en Afrique du Sud. La CIA efface toute trace de son voyage, ou presque. Il est emmené en Tunisie où il est longuement torturé, car, il est *peut-être possible* qu'un terroriste fondamentaliste musulman l'ait appelé sur son téléphone portable. Très longuement, même, puisque étant innocent, il ne peut bien sûr rien avouer...

En regardant ce film, on réalise la terrible réalité de ce que les Etats-Unis sont devenus : un pays où le gouvernement peut vous faire disparaitre sans laisser de trace, et plus personne n'entendra plus jamais parler de vous, un pays qui pratique la torture, un pays où les institutions sont contournées par les services secrets, un pays qui espionne les communications téléphoniques de ses résidents.

Un pays à un doigt du totalitarisme.

Friday, January 04, 2008

Evaluation, piège à...

On peut lire la nouvelle dans tous les journaux : les ministres du gouvernement Fillon seront évalués par un cabinet d'audit privé, sur la base de 30 critères quantitatifs, spécifiques pour chaque ministre. D'après le Monde, par exemple, Hortefeux sera évalué en fonction du nombre d'étrangers en situation irrégulière expulsés et en fonction du nombre, Albanel sera évaluée en fonction de la croissance du nombre d'entrées dans les musées les jours de gratuité. Un critère commun : l'évaluation des heures supplémentaires faits par les fonctionnaires, histoire de vérifier s'ils "travaillent plus pour gagner plus"... Cette mesure, annoncée par Sarkozy dès le mois de mai, pose un certain nombre de questions :

-Comment la société chargée de l'audit, Mars & Co, a-t-elle été choisie ?
-Comment les critères ont-ils été choisis ?
et surtout :
-La politique gouvernementale se limite-t-elle à "faire du chiffre" ?
-Cela ne va-t-il pas encore augmenter la caporalisation des ministres, qui ne sont désormais plus que des "collaborateurs", pour reprendre le mot de Sarkozy ?
-Est-il vraiment souhaitable de gérer un pays comme on gère une entreprise ? Une entreprise a un seul objectif, simple à comprendre : dégager du bénéfice. Un pays a des objectifs bien plus divers !

Bref, encore une mesure dont on ne comprend pas clairement l'objectif, dont on ne voit pas l'utilité si on y réfléchit un peu, mais qui, au premier abord, "en jette", car elle semble découler de la volonté de respecter des engagements et de rendre des comptes. De la poudre aux yeux...

Wednesday, January 02, 2008

Gone Baby Gone

Durant la trêve des confiseurs, je suis allé voir le premier long-métrage de Ben Affleck, intitulé "Gone Baby Gone". Le film parle de l'enlèvement d'une petite fille de 3 ans dont la mère est une junkie, quelque part dans un recoin sordide de Boston.

Malgré quelques maladresses et un goût certain pour le mélodrame, ce film pose d'intéressantes questions sur la famille, le respect du droit des parents, la priorité l'intérêt de l'enfant, mais surtout sur le fonctionnement de la justice à son niveau le plus fondamental, la loi, qui est trop souvent chroniquement inadaptée au fonctionnement réel de la société, par négligence du législateur ou par manque de moyens. Mais cela donne-t-il le droit de la transgresser ?

Un film donnant matière à réflexion, en tout cas, et c'était le but, je pense.