Wednesday, December 03, 2008

"Après la démocratie", d'Emmanuel Todd



Dans la lignée de rigueur des ouvrages d'Emmanuel Todd, voici "Après la démocratie".
Le thème du livre est, comme son nom l'indique, le devenir de la démocratie à l'heure où les soubresauts électoraux (présidentielles de 2002 et de 2007 en France, de 2000 et 2004 aux Etats-Unis, primaire de l'élection de 2008 aux Etats-Unis) montrent que les citoyens sont de plus en plus désabusés par la classe politique et que l'écart entre élites et classes populaires s'accroit.

La cause primaire de ce phénomène, selon Todd, est le libéralisme effréné, les élites ne remplissant plus leur rôle de direction politique pour ne plus se préoccuper que de leurs intérêts propres. De plus, il n'y a pas d'alternative politique, le PS comme l'UMP (ou les Républicains comme les Démocrates, aux Etats-Unis) étant des chantres du libéralisme et du libre-échange générateurs de délocalisation, et par tant, de baisse du niveau de vie (perte de pouvoir d'achat et chômage). Le peuple est en train de réaliser cette état de fait et a de plus en plus de mal à l'accepter, à mesure que les conséquences négatives sont de plus en plus évidentes.

Selon Todd, les adeptes du libéralisme sont aveuglés par une pure croyance, puisque son application est en train de conduire à la paupérisation de toute la population, à l'exception des 1% les plus riches, en gros.

Il affirme que la scission entre élites et peuple risque de conduire à la fin de la démocratie, et se risque à prévoir 3 avenirs possibles pour la France : une démocratie éthnicisé, où les musulmans seraient exclus, la société se ressoudant grâce à cette exclusion (logique de bouc émissaire) ; une disparition pure et simple du suffrage universelle, au moins au niveau national, éventuellement grâce aux nouvelles technologies ; et, plus positif, une intégration dans un ensemble plus vaste, une véritable Europe politique démocratique.

Todd, comme toujours, étaye son raisonnement de données statistiques, et s'appuie sur la sociologie, mais aussi l'anthropologie et l'évolution historique des sociétés, rendant son propos extrêmement crédible, comme c'était déjà le cas avec "Après l'empire".

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