Monday, February 09, 2009

La guerre des classes


"La guerre des classes" de François Ruffin est un ouvrage de salubrité publique, qui dit tout haut ce que beaucoup n'osent plus penser tout bas.

Le livre parle de la lutte des classes, des inégalités croissantes partout dans le monde et de la dissimulation croissante de ce fait. Beaucoup n'osent même plus utiliser des terminologies comme "lutte des classes", considérées comme datée, "ringarde", alors qu'elle décrit pourtant parfaitement la situation. Les seules à encore voir la réalité en face sont les possédants, et ils s'en réjouissent. L'auteur cite ainsi le milliardaire Warren Buffett (qui a dit "La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter") ou le quotidien économique "La Tribune", et on comprend bien qu'eux ne s'embarrassent pas de préjugés. En réalité, en même temps que la terminologie, c'est tout un pan idéologique qui est abandonné par ceux qui se veulent les forces du progrès, la gauche.

A travers l'exemple du Parti Socialiste, mais aussi d'autres partis (même Besancenot) l'auteur dépeint la démission face au libéralisme. Les partis de gauche, d'après lui, se complaisent dans une rhétorique larmoyante, misérabiliste, sans chercher de responsable, sans proposer d'alternative qui puisse vraiment changer les choses. D'après lui, les partis de gauche, depuis les années 80, cherchent à être de moins en moins à gauche, et rivalisent de signaux rassurants pour la classe possédante.

L'explication, concernant le PS, tient d'abord à la base électorale et militante de ce parti, qui a largement cessé d'être issue du monde ouvrier pour s'appuyer sur la fonction publique et la classe moyenne, dont les problèmes ne sont pas du tout les mêmes. Ensuite, les cadres de ce parti ne connaissent pas la réalité de la cause qu'ils prétendent défendre, puisque étant issus de la bourgeoisie, les luttes ouvrières ou tout simplement la pauvreté sont des concepts abstraits pour eux. L'engagement politique à gauche est simplement pour eux une voie vers le succès, et ils n'hésitent pas à changer de voie si une autre plus prometteuse s'ouvre à eux (comme Kouchner ou Besson).

Ce livre constitue un portrait au vitriol de la "gauche" contemporaine, terriblement exact, et c'est toute la mécanique de ce qu'il faut bien appeler une trahison qui est disséquée. Le seul reproche qu'on peut toutefois lui adresser, c'est qu'en semblant dresser l'acte de décès de la gauche, il participe à ce renoncement qu'il cherche pourtant à dénoncer.

Je dois dire que ce livre m'a ouvert les yeux : moi aussi, et notamment sur ce blog, j'ai tendance à me contenter de pointer ce qui ne va pas, sans chercher à proposer une autre voie. Je vais essayer à changer cela, et à mettre le plus souvent possible dans mes articles ce que je pense qu'on pourrait faire, sans prétention, simplement pur alimenter le débat. Je suis bien conscient que c'est là une toute autre paire de manches et que c'est loin d'être aussi simple que d'user de sa capacité d'indignation pour dire ce qui ne va pas. On verra bien ce qu'il en adviendra. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

2 comments:

Anonymous said...

Bonjour, oui j'ai bien envie de lire ce livre. il est vrai que depuis les annees 80 c'est le tout LIBERAL et tout autres pensees est "tuee dans l'oeuf".
Il est temps de reprendre la parole. Juste un petit lien (www.newropeans.fr) pour un parti politique transeuropeen pronant une vraie europe citoyenne.
*Ensemble pour une VRAIE democratie europeenne* - 7 juin 2009 -

Traroth said...

Un partie trans-européen ? Une idée intéressante, et qui peut avoir rapidement du poids au Parlement européen...