Tuesday, March 13, 2007

Euthanasie

La cour d'assises de Dordogne est en train de juger le docteur Laurence Tramois et l'infirmière Chantal Chanel pour l'assassinat de Paulette Bruais relance avec vigueur le débat sur l'euthanasie, et on s'aperçoit avec surprise que rien n'est reglé.

La presse et, malheureusement, la justice, sont en train d'inventer des distingos subtils qui permettent de créer une différence totalement imaginaire avec l'affaire Humbert, basé sur arguments totalement spécieux : le fait que le docteur Chaussoy avait "seulement" débranché les appareils maintenant en vie Vincent Humbert, alors que Laurence Tramois et Chantal Chanel ont injecté un poison à Paulette Bruais (aux yeux de la loi et moralement, ça ne fait pas la plus petite différence : il s'agit d'un homicide volontaire. On effectue délibérement une action qui va entrainer la mort), l'absence de volonté de mourir de la patiente (qui a volé en éclat en plein procès, puisque des témoins l'ont entendu exprimer à plusieurs reprises son envie d'en finir) et l'absence de consentement de la famille (la famille est tellement peu consentante qu'elle a refusé de se porter partie civile dans ce procès, c'est dire).

Petit rappel, histoire de remettre les choses en perspective : au moment où Paulette Bruais est morte, elle était dans le coma depuis 2 jours. Un coma "réactif à la douleur". Elle souffrait d'une occlusion intestinale qui allait entrainer des "vomissements fécaloïdes", le tout ne pouvant déboucher que sur la mort, puisqu'elle souffrait d'un cancer en phase terminale...

On a l'impression que les médias sont en train de nous préparer à l'idée que ces femmes vont être condamnées, histoire de sonner la fin de la récréation concernant l'euthanasie, alors qu'elles n'ont pas hésité à risquer leur liberté et leur carrière, par compassion. Mais ça n'arrivera qu'après les élections, bien entendu.

Vous, je ne sais pas, mais moi, cette histoire me met extrêment mal à l'aise, 4 ans après que Jean-Pierre Raffarin, alors Premier Ministre ait affirmé que l'Etat n'avait pas vocation à légiférer en matière d'euthanasie. L'Etat prend même tellement peu position qu'il s'apprête à mettre deux femmes courageuses en prison et à briser leur vie.

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