Tuesday, September 30, 2008

French subprimes

Qu'est-ce qu'un crédit-relais ? C'est un crédit qui permet de "faire le joint" entre deux investissements immobiliers successifs : vous possédez un bien immobilier, vous voulez le vendre pour en acquérir un autre (le cas classique, c'est le changement de résidence principale, devenu trop petit suite à un mariage ou à une naissance, par exemple). Le crédit-relais va vous permettre d'acheter votre nouveau bien avant d'avoir vendu l'ancien. La durée d'un tel crédit est donc brève, et il faut habituellement rembourser en une année.

La crise des subprimes a eu deux conséquences dramatiques sur les gens ayant contracté ce type de crédit : la vente du premier bien devient extrêmement difficile, voire impossible (les banques sont devenues très frileuses sur les crédits immobiliers) et les cours de l'immobilier ont baissé, et donc leur deux biens ont perdu énormément de leur valeur. La combinaison de ces facteurs met les titulaires de tels crédits-relais dans une situation intenable : ils ne peuvent pas vendre leur premier bien, et sa valeur ne couvre de toute manière pas le montant du crédit-relais, celui-ci arrivant à échéance. Et à l'heure où les banques sont elles-même dans une situation difficile, inutile de compter sur leur mansuétude...

On estime à environ 30 000 le nombre de ménages concernés en France par cette machine à broyer les gens (d'après France-Info) , ménages qui vont être mécaniquement conduits au surendettement, voire pire.

Est-il moral que les particuliers soient victimes du trou béant creusé par les banques, ce qui a entrainé la baisse des cours et les difficultés actuelles ? Dans la situation actuelle concernant les crédits-relais, les banques sont à la fois l'origine du problème et l'exécuteur qui va saigner les victimes à mort. Ce qui revient à dire que les banques vont avoir la possibilité d'amortir une partie de leurs pertes en dépouillant les pauvres.

Dans mon message du 22 septembre dernier, je disais qu'il était impératif de limiter la liberté des banques. A l'heure où l'État va être amené à renflouer nombre d'entre elles, il est plus que jamais en position de dicter ses conditions. Et empêcher ce nouveau pillage me parait une condition sine qua non pour obtenir les aides en question, ou alors, je ne comprends plus à quoi peut bien servir l'État. Et vous, qu'en pensez-vous ?

Monday, September 29, 2008

Le Roy est partout chez lui

Comme l'a rapporté le Canard enchainé, il y a un certain temps déjà, et comme le rapporte France-Info aujourd'hui, au mois d'août, Sarkozy, président de la République, a mis la puissance de l'Etat (en faillite, rappelons-le...) au service du tout-à-l'égout de la résidence de sa femme située au Cap Nègre.
Pendant que la France dépérit littéralement, ce personnage ne se préoccupe que d'intérêts particuliers, et participe à des réunions de copropriété alors qu'il n'est pas un des copropriétaires.
On se croirait de retour sous la monarchie : Tel Louis XIV dans "le vicomte de Bragelonne", "le roi commande où qu'il soit" (citation de mémoire)...

Monday, September 22, 2008

Le plan Paulson va-t-il sauver le capitalisme financier ?

Bush a annoncé la semaine dernière un plan permettant de sauver les banques américaines du désastre complet. Ce plan, qui est chiffré à 700 milliards de dollars (1000 milliards, selon d'autres sources), consiste à racheter aux banques américaines (et uniquement américaines. Les banques étrangères qui se sont laisser refiler des créances douteuses par les banques américaines pourront se brosser) les titres douteux issus des subprimes, c'est à dire des crédits immobiliers accordés de manière inconsidérée à des gens peu aisés qui ne peuvent pas les rembourser.

On observera pour commencer que ces petits accédants à la propriété, eux, vont tout perdre sans que l'état fédéral ne bouge le petit doigt. Ils vont être dépossédés (c'est souvent déjà fait) du résultat d'une vie d'économie, de travail, de privation, sans pratiquement récupérer quoi que ce soit, et en finissant sans maison et couvert de dettes, puisque la vente de leur bien immobilier ne suffira pas à couvrir leur crédit, les cours de l'immobilier s'étant effondrés. Certains investisseurs dans l'immobilier doivent être en train de se remplir les poches en rachetant massivement à vil prix...

D'autre part, les banques ont spéculé sur l'immobilier pendant des années, réalisant des milliards de bénéfices, et ont fini par se prendre le mur. Et maintenant, c'est l'état, et donc le contribuable, qui va couvrir les pertes ! Voila une vision idyllique du capitalisme financier, sans risque. Faisons un parallèle avec un casino : je joue, si je gagne, je garde l'argent, si je perds, quelqu'un d'autre paie. Le risque est grand que cette crise ôte toute prudence aux financiers, puisqu'ils savent qu'en cas de problème, l'état assumera les pertes !

D'après moi, la crise actuelle prouve incontestablement que les marchés financiers sont incapables de se réguler par eux-même, et que l'état doit prendre des mesures contraignantes, adopter législations et réglementations afin d'empêcher que de telles catastrophes se reproduisent.

Exemples de mesures pour éviter que ce type de crise n'arrive à nouveau :

  • Nationalisation des banques centrales, et pilotage par l'état (ou par l'Union européenne, pour la BCE). Aux États-Unis, par exemple, la Fed est pilotée par un groupement de banques privées, et l'État n'a pas son mot à dire. C'est la porte ouverte à tous les abus.
  • Taxe sur les transactions internationales. C'est le moment de reparler de la fameuse taxe Tobin, qui permettrait de ralentir quelque peu le rythme des transactions internationales.
  • Obligation de couverture des titres à crédit. La "titrisation" (c'est à dire la transformation en titres négociables) de valeurs purement spéculatives, sans fondement matériel, comme des crédits immobiliers, ne permet pas, par nature, de garder le contrôle sur la fiabilité des titres émis. Il est impératif de contraindre les banques de bloquer un pourcentage de la valeur de ces titres virtuels en capital.
  • Interdiction des marchés à terme sur ces titres virtuels. Le marché à terme est un mécanisme qui permet d'acheter et de vendre des titres qu'on ne possède pas, en réglant la différence à un moment prédéterminé, à la fin du mois, par exemple. Ce type de mécanisme est dénué de base solide si le titre ne repose sur rien de concret.
  • Limitation des paiements interbancaires avec ce type de titre. Il faut limiter la circulation de ces titres en contraignant les banques à payer une partie de leurs débits avec des valeurs solides, capitaux ou actions, par exemple.
Il semble malheureusement inévitable que les états règlent la facture dans le cas présent, sous peine de provoquer un effondrement général de l'économie dommageable d'abord pour les plus faibles, comme toujours, mais il serait inexcusable que les états concernés (États-Unis, Grande-Bretagne et France, pour n'en citer que trois) ne prennent pas les mesures pour éviter d'avoir à le faire à nouveau à l'avenir. L'argent du contribuable n'est pas fait pour ça.