Tuesday, July 15, 2008

Naissance de l'Union Pour la Méditerranée ?

Le 13 juillet au soir, tout le monde se congratulait lors du grand raout à la gloire de Sarkozy : l'Union Pour la Méditerranée sortait de terre (de mer ?), en ayant enfin quelques projets :

-Dépollution de la Méditerranée : Cela correspond-il vraiment aux préoccupations des pays du Sud ? On peut en douter
-Autoroutes maritimes et terrestres : mais qu'est-ce donc ? Rien de concret de décidé
-Protection civile contre les catastrophes naturelles : Anecdotique. Les incendies de forêts sont plutôt une problématique de la rive nord, où la collaboration existe déjà depuis longtemps, et on ne voit pas trop en quoi les pays de la rive sud pourraient être utile. Concernant les catastrophes de plus grande ampleur (séisme, ouragan...), on ose espérer que l'appartenance ou non d'un pays à l'UPM ne sera pas un facteur déterminant pour l'envoi de secours !
-Université euro-méditerranéenne : 800 millions d'habitants, 1 université...
-Énergie solaire : mais encore ? Là encore, c'est typiquement une préoccupation de pays riche, à mille lieux des problèmes énergétiques d'un pays comme la Tunisie.
-"Initiative méditerranéenne de développement des affaires" : Mais qu'est-ce donc ?

De plus, ce sommet aurait été l'occasion pour le Liban et la Syrie d'annoncer un échange d'ambassadeurs et pour Israël et les Palestiniens d'avancer vers la paix.

Le 14 juillet, l'euphorie est déjà retombé et la réalité reprend ses droits : on s'aperçoit aisément que l'UPM elle-même n'est qu'une coquille vide (on notera d'ailleurs l'étrangeté de la démarche : d'habitude, on créé une organisation parce qu'on a des projets en commun, alors que là, à l'inverse, on décide de la création d'un "machin" avant de se demander à quoi ça va bien pouvoir servir et d'improviser un contenu sur le pouce) n'ayant en particulier aucun financement et donc aucun moyen d'action (mais vu l'absence de projets concrets, ça ne posera peut-être pas un très gros problème), qu'aucune décision concrète concernant la constitution de l'UPM n'a été prise, au-delà du principe (même la localisation du siège de l'UPM n'a pas été tranchée), Bachar el-Assad a dit que l'échange d'ambassadeurs nécessiterait "un certain temps" et la signature de la déclaration finale du sommet achoppe à cause de désaccords israélo-palestiniens (la création d'un état palestinien n'y est pas évoquée, les Palestiniens se retrouvent donc comme toujours dans la position des dindons de la farce).

Bref, on est à nouveau dans la même situation qu'après le Grenelle de l'environnement : de belles paroles, dont on sait qu'elle ne serviront à rien au moment même où elles sont prononcées. Évidemment, comme pour le Grenelle de l'environnement, les médias parleront beaucoup moins de l'enterrement de première classe dont bénéficiera le projet dans quelques mois ou années...

Alors vous, je ne sais pas, mais personnellement, en tant que contribuable, ça commence à me mettre hors de moi de voir que la France organise des évènements dont le but principal est de permettre à Sarkozy de se mettre en scène dans des postures avantageuses, sans utilité aucune, en gaspillant l'argent public, l'argent que vous et moi payons par nos impôts, à l'heure où tous les Français (enfin presque tous...) sont contraints de se serrer la ceinture.

On peut néanmoins supposer que Sarkozy brûle (déjà) ses dernières cartouches à l'international, et que les autres dirigeants seront moins prompts à répondre à ses appels une fois l'échec de l'UPM constaté.

No comments: