Saturday, December 04, 2010

Bienvenue dans le XXIe siècle !

Beaucoup de médias ont coutume de dire que les évènements du 11 septembre 2001 ont marqué l'entrée dans le XXIe siècle, comme la première guerre mondiale a marqué l'entrée dans le XXe siècle.

Comme on a tort de tenter d'extraire l'Histoire de l'actualité. Le recul n'est évidemment pas suffisant...

Pourtant, si je devais proposer une date d'entrée dans le XXIe siècle, je proposerais sans doute le 28 novembre 2010.

Pourquoi cette date ?
Parce que c'est la date à laquelle Wikileaks a commencer à publier ses révélations issues de câbles diplomatiques étasuniens.

Ces révélations sont-elles importantes ? Sans doute, mais ce n'est pas ce qui m'intéresse en l'occurence. Non, ce qui me parait chambouler tous les repères connus jusqu'alors, c'est l'acharnement des gouvernement de la planète pour faire taire Wikileaks, à tout prix, au mépris de tous les principes démocratiques, de toutes les règles d'un état de droit, de toutes les apparences...

Depuis cet été court en Suède une étrange histoire de viol dont Julian Assange, le fondateur de Wikileaks serait accusé. Par un hasard des plus improbables, le mandat d'arrêt international pour son arrestation a été émis le 30 novembre, 2 jours après la publication des câbles diplomatiques.
Pourtant, le fond des accusations parait plus que douteux, comme on peut le voir ici et . Le procureur semble plus intéressé par l'arrestation d'Assange que par la résolution de l'affaire. Il a même refusé que celui-ci s'explique, quand il était encore en Suède.

Mais ce n'est pas tout : outre les attaques informatiques qui pleuvent sur Wikileaks, les prestataires de service chargés d'assurer le fonctionnement de Wikileaks refusent de continuer à fournir les moyens pour permettre à Wikileaks de continuer à fonctionner :

  • EveryDNS.net, son serveur de nom, a coupé l'accès au domaine wikileaks.org vendredi 4 décembre, rendant subitement le site indisponible dans le monde entier. Le nombre d'attaques subi par Wikileaks ne serait plus supportable par leur infrastructure, parait-il...
  • Le même jour, Amazon, fournisseur d'hébergement cloud, a refusé de continuer à héberger Wikileaks, après des pressions politiques
  • Le système de payment en ligne Paypal, appartenant à eBay, a bloqué le compte permettant de faire des dons à Wikileaks samedi 4 décembre. Paypal justifie cette action par ses conditions générales, stipulant que Paypal ne peut pas être utilisé pour commettre des actions illégales, bien que Wikileaks n'ait pas été condamné.
A ceci s'ajoute encore le gouvernement australien, se déclarant prêt à faire poursuivre Assange, sans préciser pour quel motif, le président iranien Ahmadinedjad déclarant que Wikileaks est une opération étasunienne, le ministre français Eric Besson déclarant, suite à l'arrivée de Wikileaks sur les serveurs de l'hébergeur français OVH, que Wikileaks était indésirable en France, les condamnations des révélations par les gouvernements italien, français, saoudien et colombien, entre autres, et bien sûr toutes les actions et déclarations du gouvernement étasunien, trop nombreuses pour être énumérées toutes. Une belle unanimité, somme toute !

Ce que cette évidente persécution a de nouveau, là où se situe la rupture, c'est qu'elle se fait en pleine lumière : le côté positif des révélations de Wikileaks est évident, le site a d'ailleurs l'appui massif de la population (il suffit de voir les appels au boycott d'Amazon et de Paypal sur Facebook), et pourtant les gouvernements sont en train d'organiser une véritable chasse à l'homme ! Julian Assange se dit maintenant menacé de mort et parle d'ailleurs de demander l'asile politique en Suisse.

Quelles que soient les révélations de Wikileaks, elles ne peuvent pas ouvrir plus les yeux des citoyens que cette traque indigne !

Désormais, l'époque de la politique feutrée est révolue. Le message à la population est très clair : si vous vous révoltez, il vous en cuira ! Vous n'avez qu'à regarder Julian Assange !

Comme dit Guy Béart, "Le premier qui dit la vérité / Il doit être exécuté".
Ça ne saurait tarder...