Wednesday, February 11, 2009

Protectionnisme ?

L'État français vient d'annoncer des prêts aux constructeurs automobiles français (Renault et PSA) pour un montant de 6,5 milliards d'euros, en échange, dixit le Nouvel Observateur, de "garanties pour l'emploi".

Et juste après, PSA (qui va donc toucher 3 milliards d'euros), toujours d'après le Nouvel Obs, a annoncé renoncer à son plan de fermeture d'usine a son plan social "pour 2009", et va se contenter... de départs volontaires et de non-renouvellement des départs à la retraite !

C'est ça, les "garanties pour l'emploi" ?

Bon, c'est sûr, c'est moins déchirant que des vagues de licenciement. Mais l'effet au niveau de l'emploi est exactement le même : que je licencie quelqu'un ou que je ne renouvelle pas un départ à la retraite ou son départ volontaire (vous y croyez, vous, aux départs volontaires, en pleine crise ? Vous quitteriez volontairement votre emploi ?), la conséquence c'est qu'il y a un emploi en moins. Dans un cas, ça fait un chômeur de plus, dans l'autre, c'est un chômeur qui ne trouve pas de travail. Le résultat est le même : quelqu'un est au chômage, et ne l'aurait pas été sans ces mesures.

Et c'est pour obtenir ce résultat grandiose que Sarkozy a sorti le chéquier et dépensé l'argent de nos impôts ?

Parallèlement, Sarkozy se défend de faire du protectionnisme avec ce plan. C'est bien dommage que notre gouvernement, tout comme la Commission européenne, continue à chanter les louanges du libéralisme en général et du libre-échange et particulier. Le protectionnisme est la seule solution pour redresser l'économie française. Sans protectionnisme, toute initiative est vaine : soutenir la recherche, c'est développer les prochains produits qui seront fabriqués en Chine, baisser les salaires ne sera jamais suffisant tant qu'on n'aura pas le niveau de salaire (et donc le niveau de vie) des pays les plus pauvres où les industriels sont susceptibles de délocaliser (si le niveau des salaires s'élève trop en Chine, ils iront aux Philippines, au Viet-Nam, au Maroc ou ailleurs), subventionner les entreprises, c'est courir le risque qu'elles délocalisent plus vite grâce à ces fonds. L'Etat renonce donc à avoir la moindre influence sur l'économie, avec les résultats qu'on observe.

Le libre-échange n'a d'avantages que pour les grandes entreprises. Pour les salariés et même pour les PME, c'est une calamité.

Personnellement, je commence à prendre peur : les mesures de Sarkozy pour contrer la crise vont au contraire l'agraver et consommer les moyens qui permettrait de lutter efficacement. On s'approche du point de non-retour, le moment où notre économie ne pourra plus se relever...

Exigeons que notre gouvernement protège notre marché du travail contre les importations en provenance de pays à bas-coût, où les gens sont sous-payés et exploités.

Monday, February 09, 2009

La guerre des classes


"La guerre des classes" de François Ruffin est un ouvrage de salubrité publique, qui dit tout haut ce que beaucoup n'osent plus penser tout bas.

Le livre parle de la lutte des classes, des inégalités croissantes partout dans le monde et de la dissimulation croissante de ce fait. Beaucoup n'osent même plus utiliser des terminologies comme "lutte des classes", considérées comme datée, "ringarde", alors qu'elle décrit pourtant parfaitement la situation. Les seules à encore voir la réalité en face sont les possédants, et ils s'en réjouissent. L'auteur cite ainsi le milliardaire Warren Buffett (qui a dit "La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter") ou le quotidien économique "La Tribune", et on comprend bien qu'eux ne s'embarrassent pas de préjugés. En réalité, en même temps que la terminologie, c'est tout un pan idéologique qui est abandonné par ceux qui se veulent les forces du progrès, la gauche.

A travers l'exemple du Parti Socialiste, mais aussi d'autres partis (même Besancenot) l'auteur dépeint la démission face au libéralisme. Les partis de gauche, d'après lui, se complaisent dans une rhétorique larmoyante, misérabiliste, sans chercher de responsable, sans proposer d'alternative qui puisse vraiment changer les choses. D'après lui, les partis de gauche, depuis les années 80, cherchent à être de moins en moins à gauche, et rivalisent de signaux rassurants pour la classe possédante.

L'explication, concernant le PS, tient d'abord à la base électorale et militante de ce parti, qui a largement cessé d'être issue du monde ouvrier pour s'appuyer sur la fonction publique et la classe moyenne, dont les problèmes ne sont pas du tout les mêmes. Ensuite, les cadres de ce parti ne connaissent pas la réalité de la cause qu'ils prétendent défendre, puisque étant issus de la bourgeoisie, les luttes ouvrières ou tout simplement la pauvreté sont des concepts abstraits pour eux. L'engagement politique à gauche est simplement pour eux une voie vers le succès, et ils n'hésitent pas à changer de voie si une autre plus prometteuse s'ouvre à eux (comme Kouchner ou Besson).

Ce livre constitue un portrait au vitriol de la "gauche" contemporaine, terriblement exact, et c'est toute la mécanique de ce qu'il faut bien appeler une trahison qui est disséquée. Le seul reproche qu'on peut toutefois lui adresser, c'est qu'en semblant dresser l'acte de décès de la gauche, il participe à ce renoncement qu'il cherche pourtant à dénoncer.

Je dois dire que ce livre m'a ouvert les yeux : moi aussi, et notamment sur ce blog, j'ai tendance à me contenter de pointer ce qui ne va pas, sans chercher à proposer une autre voie. Je vais essayer à changer cela, et à mettre le plus souvent possible dans mes articles ce que je pense qu'on pourrait faire, sans prétention, simplement pur alimenter le débat. Je suis bien conscient que c'est là une toute autre paire de manches et que c'est loin d'être aussi simple que d'user de sa capacité d'indignation pour dire ce qui ne va pas. On verra bien ce qu'il en adviendra. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.

Sunday, February 01, 2009

La manifestation du 24 janvier 2009

Voici quelques photos de la manifestation pour la paix en Palestine, le samedi 24 janvier (prise avec mon téléphone portable, puisque je me suis montré imprévoyant et que je n'ai pas emmené mon reflex) que j'évoquais le 29 janvier. Aucun média n'en a parlé, à part l'AFP, alors je fais ce que je peux...

Place Denfert-Rochereau, avant la manifestation, des casseurs d'origine inconnu (j'ai entendu plusieurs hypothèses quant à leur appartenance) agressent des manifestants. L'un des manifestants a le visage en sang :


Après l'attaque, la police s'interpose... afin de permettre l'évacuation des agresseurs en toute sécurité ! A ma connaissance, aucune interpellation n'a été effectuée...


La police orientant "subtilement" le cortège, boulevard Raspail, afin d'être certain qu'il ne se dirige pas vers l'Elysée et ne trouble pas la quiétude de Sarkozy :


Certains manifestants sont très jeunes, et leurs banderoles démentent toute idée de manifestation islamiste :


Un CRS procédant au fichage (Edvirp ? STIC ? DCRI ?) de citoyens responsables manifestants pacifiquement. Mais contre les options politiques gouvernementales...


La masse des manifestants. 20000 selon les organisateurs, 9500 selon la police :


Sur le camion de tête du cortège, aux Invalides, un homme brandit simultanément le drapeau français et le drapeau palestinien. Encore une preuve du caractère républicain de cette manifestation :