Sunday, December 07, 2008

Activités libres

Maintenant que j'ai à peu près digéré la fin de mon implication dans Wikipédia, j'ai décidé de reprendre quelques activités associatives.

J'ai donc demandé (et obtenu) un compte sur Citizendium, un projet d'encyclopédie libre (sous licence Creative Commons) concurrent de Wikipedia, lancé il y a deux ans par Larry Sanger, un des cofondateurs de Wikipedia, et qui se distingue de cette dernière par une différence de taille : les articles, bien que rédigés par qui le désire, sont revus par des contributeurs ayant un statut particulier et pouvant justifier d'une expertise dans le domaine correspondant. Il est également nécessaire d'avoir un compteJ'étais sceptique au moment du lancement du projet, et de fait, la croissance de Citizendium est lente, mais j'ai envie de voir les choses de plus près.

D'autre part, j'ai adhéré à l'April, l'Association de Promotion et de Recherche en Informatique Libre. J'en profite pour mettre un bandeau promotionnel appellant à l'adhésion sur ce blog.

Dans les deux cas, je n'ai pas encore décidé quel sera mon niveau d'engagement ni ce que je ferais, concrètement. On verra bien...

Je ne peux que vous enjoindre à faire de même : trouvez une cause qui vaut la peine que vous vous engagiez pour elle, et trouvez un moyen d'action : adhésion à un association, pétition, écriture (du blog au livre, en passant par un article sur un média citoyen comme Agoravox)... Et joignez le geste à la parole. Le plus difficile, c'est le premier pas. Ensuite, on est pris dans l'action, et ça devient passionnant. Tous ensemble, nous pouvons changer le monde.

Wednesday, December 03, 2008

"Après la démocratie", d'Emmanuel Todd



Dans la lignée de rigueur des ouvrages d'Emmanuel Todd, voici "Après la démocratie".
Le thème du livre est, comme son nom l'indique, le devenir de la démocratie à l'heure où les soubresauts électoraux (présidentielles de 2002 et de 2007 en France, de 2000 et 2004 aux Etats-Unis, primaire de l'élection de 2008 aux Etats-Unis) montrent que les citoyens sont de plus en plus désabusés par la classe politique et que l'écart entre élites et classes populaires s'accroit.

La cause primaire de ce phénomène, selon Todd, est le libéralisme effréné, les élites ne remplissant plus leur rôle de direction politique pour ne plus se préoccuper que de leurs intérêts propres. De plus, il n'y a pas d'alternative politique, le PS comme l'UMP (ou les Républicains comme les Démocrates, aux Etats-Unis) étant des chantres du libéralisme et du libre-échange générateurs de délocalisation, et par tant, de baisse du niveau de vie (perte de pouvoir d'achat et chômage). Le peuple est en train de réaliser cette état de fait et a de plus en plus de mal à l'accepter, à mesure que les conséquences négatives sont de plus en plus évidentes.

Selon Todd, les adeptes du libéralisme sont aveuglés par une pure croyance, puisque son application est en train de conduire à la paupérisation de toute la population, à l'exception des 1% les plus riches, en gros.

Il affirme que la scission entre élites et peuple risque de conduire à la fin de la démocratie, et se risque à prévoir 3 avenirs possibles pour la France : une démocratie éthnicisé, où les musulmans seraient exclus, la société se ressoudant grâce à cette exclusion (logique de bouc émissaire) ; une disparition pure et simple du suffrage universelle, au moins au niveau national, éventuellement grâce aux nouvelles technologies ; et, plus positif, une intégration dans un ensemble plus vaste, une véritable Europe politique démocratique.

Todd, comme toujours, étaye son raisonnement de données statistiques, et s'appuie sur la sociologie, mais aussi l'anthropologie et l'évolution historique des sociétés, rendant son propos extrêmement crédible, comme c'était déjà le cas avec "Après l'empire".

Tuesday, December 02, 2008

La France est-elle encore un pays libre ?

20 mois après l'accession de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, la question est posé, comme on pouvait malheureusement s'y attendre : la France est-elle encore un pays libre ?

Plusieurs affaires récentes donnent une image inquiétante de cette thématique :

  • L'arrestation de Vittorio de Filippis, ancien directeur de la rédaction de Libération, concernant une banale une plainte pour diffamation. Filippis a été "cueilli" à son domicile à 6 heures du matin, menotté, fouillé au corps plusieurs fois, on l'a même obligé à se déshabiller, et on lui a interdit d'appeller son avocat, ce qui est pourtant un droit élémentaire. On apprend à cette occasion que ce type d'abus est loin d'être exceptionnel, et que, quand il ne s'agit pas d'une personnalité, il n'y a rien, là, semble-t-il, de scandaleux
  • La fouille d'élèves de 4e, donc âgés de 13 à 14 ans, dans un collège du Gers, par des gendarmes ayant fait irruption dans la classe avec un maitre-chien et son animal. On apprend à cette occasion que cette histoire est loin d'être un cas unique, que près d'une trentaine de fouilles systématiques ont déjà eu lieu dans des écoles depuis début 2008
  • Il existerait un projet gouvernemental pour emprisonner des enfants dès 12 ans. Frédéric Lefèbvre, porte-parole de l'UMP et proche de Sarkozy, a d'ailleurs tenu des propos concernant "la détection précoce de comportements" délinquants, parlant de "trois ans".
  • Un décret concernant la loi sur le service minimum impose une "période de négociation" avant le dépôt d'un préavis de grève. Une sorte de préavis au préavis, en somme.
  • Dans l'affaire des vandalismes des lignes TGV, arrestation de personnes engagées politiquement sur des indices extrêmement légers (possession d'horaires de train ou d'ouvrages politiques) en utilisant les législations antiterroristes de manière totalement abusive (même si aucune définition consensuelle du terrorisme n'existe, il est généralement admis que si aucune vie humaine n'est mise en péril, il ne s'agit pas de terrorisme). Ces personnes sont les premières à avoir été placées en liberté surveillée suite à une mise en examen pour un motif lié au terrorisme, depuis que ce type de chef d'accusation existe.
L'ensemble, suite des dérives des mois précédents, dépeind un tableau pour le moins angoissant : l'école passe assez visiblement de l'éducation au dressage, "enseignant" en premier lieu aux enfants à se tenir tranquille, à craindre la police, à obéir et à se laisser exploiter sans se révolter. Et ça se vérifie à tous les niveaux : limitation du droit de grève, mise au pas des médias, instrumentalisation de la justice (ce dernier point est largement démontré au regard des jugements visiblement complaisants et diligents dont bénéficient les multiples plaintes que dépose Sarkozy contre des citoyens de notre pays).

Le 24 juin, je me demandais si on allait bientôt toucher le fond. Il semble qu'on en soit loin, aussi bien économiquement que politiquement !