Saturday, September 29, 2007

Rafles

Bon, et bien ça y est. On parle tout à fait sérieusement de rafles, en France, en 2007, mois de 6 mois après l'élection présidentielle, concernant les arrestations de sans-papiers.

Dans un ensemble d'articles sur le site du Contre-Journal de Libération (un blog bien caché où Libération parle, un peu, des vérités qui dérangent de plus en plus concernant la politique française).
Dans une interview, Laurent Giovanononi, secrétaire de la Cimade (Comité intermouvement auprès des évacués) explique que, très logiquement, les rafles ont commencés quand les autorités chargés des expulsions ont commencé à avoir du mal à atteindre les "quotas" décidés par l'Elysée. Il décrit des méthodes qui font froid dans le dos : des policiers qui contrôlent systématiquement tous les lieux publics d'une rue : cafés, commerces, écoles, ou des pièges tendus dans les préfectures ou d'autres administrations en utilisant des convocations bidons qui se terminent par une garde à vue. Les procureurs, qui émettent les réquisitions nécessaires pour ces contrôles, sont totalement instrumentalisés : on voit des réquisitions concernant des agglomérations entières, alors qu'elles sont supposées être très ponctuelles, sous des prétextes futiles. Il revient sur la violence de ses méthodes : on arrache la personne à sa vie quotidienne pour la mettre dans un centre de rétention puis l'expulser, c'est à dire qu'en quelques minutes, on détruit la vie dela personne pour la mettre dans un charter.
Daniel Vanstaevel, de RESF, rappelle que ces contrôles dits systématiques ne le sont pas du tout et que le critère du faciès y est déterminant.
Jean-Pierre Dubois, professeur de droit constitutionnel et président de la LDH, fait un parrallèle entre ces méthodes et la pêche au filet : on tend son filet et on ramasse le poisson. Il décrit les patrouilles qui contrôlent systématiquement une rue : commerces, cafés, cages d'escalier. Il retrace l'historique de la dérive actuelle, depuis les lois Pasqua, qui ont autorisé les conrôles d'identité dans des circonstances très larges. Il rappelle aussi que ces rafles ont tendance à "ramasser" les clandestins les plus intégrés : ceux qui essayent de régulariser leur situation, qui envoient leurs enfants à l'école, qui ont un travail. Il explique que les enfants sont de plus en plus nombreux en centre de rétention, et qu'ils sont parfois pris à la sortie de l'école et renvoyé vers un destin hasardeux pour ne pas dire dangereux, "avec leurs livres et leurs cahiers sous le bras". Il explique également les stratégies utilisées pour affaiblir les possibilités de défense ou de recours des sans-papiers : on rafle juste avant le week-end, car le week-end, la Cimade, qui tente de secourir les clandestins, n'exerce pas ses activités. Il donne des exemples de gens expulsés car étant réputés en sécurité dans leur pays, qui se font assassiner dès leuyr retour, avec donc la complicité de la France. Il parle aussi des endroits où l'Etat estime avoir le droit de contrôler l'identité des gens, y compris les cliniques et hopitaux, voire même en salle d'opération.
Emmanuel Terray, anthropologue, ancien directeur du Centre d'études africaines et membre de la LDH, s'interroge sur la "pudeur" des médias, qui réchignent à parler de rafle. Il fait un parrallèle très poussé entre la situation actuelle et les cas passés de l'Histoire récente de la France, l'Occupation et la guerre d'Algérie. Il relève les différences (expulsions et non torture ou extermination) mais surtout les similitudes : des individus sont considérés comme indésirables, et on va les arrêter pour s'en débarasser, les méthodes utilisés pour traquer des gens dont la seule faute est d'être là sont également les mêmes, convocation-piège en préfecture, déjà pratiquée sous l'Occupation, arrestations massives, interpellations des enfants dans les écoles, etc. Il relève que ces méthodes n'ont pas été utilisées depuis l'Ooccupation. Il emploit également le terme de "chasse". Il explique que les rafles se font selon des critères ethniques ou d'origine, "sans doute en fonction des avions qu'il faut remplir". Il relève également qu'à cause de la politique actuelle, il y a des centaines de d'enfants en centre de rétention, ce qui est contraire à la Convention européenne des Droits de l'Homme (les enfants ne sont pas expulsables). Le gouvernement s'en explique en disant qu'il ne veut pas séparer les enfants des parents, c'est à dire le même prétexte que celui utilisé par Vichy lors des rafles destinées à livrer des Juifs aux Allemands, notamment lors de la rafle du Vel d'Hiv. En fait, il s'agit d'un chantage : on explique aux parents que les enfants seront placés à la DDASS s'ils ne les emmènent pas.

Il aura moins de 6 mois pour que Sarkozy fasse de la France un pays dont il faut avoir honte, où on expulse des enfants, où on expulse des réfugiés vers des pays où ils se font assassiner.
Le silence des médias français est insupportablement assourdissant. Je veux dire : s'ils ne nous informent pas sur ces sujets inouïs, qui concernent chaun d'entre nous, je ne vois l'intérêt de leur existence même. Pour nous parler de la coupe du monde de rugby ?

Tuesday, September 25, 2007

Le petit Nicolas en Amérique

Donc, dixit France-Info, Sarkozy va présider aujourd'hui une réunion du Conseil de Sécurité des Nations-Unis. Whouaaahhhh, qu'est ce qu'il est fort !
Concrètement, ça veut juste dire que, comme la présidence est tournante mensuellement entre les membres, ben en septembre 2007, c'est la France qui préside. Chaque pays de l'Onu a par ailleurs toujours le choix de choisir son niveau de représentation, de l'ambassadeur délégué à l'Onu au chef d'Etat. Et là, en l'occurence, la France (Sarkozy) a décidé que ça serait le Président (Sarkozy). On admirera effectivement l'exploit proprement incroyable.
Bon, blague à part, ce qui fait vraiment peur, c'est ce comportement qui montre que Sarkozy se sent perpétuellement obligé de légitimer sa fonction de président par ce type d'action, largement couverte par les médias. Ses prédécesseurs ont également eu l'occasion de présider le Conseil de Sécurité s'ils le désiraient (il a 15 membres, donc tous les 15 mois, puisque la France fait partie des 5 membres permanents), et, sans vérifier, j'imagine que depuis Pompidou en 1969, ça a dû arriver. Les médias ne se sont pas sentis pour autant obligé de donner dans le "Whhhaaaaahhh, Chirac/Mitterrand/Giscard/Pompidou préside le Conseil de Sécurité ! Trop fort !"
Cette manière de vouloir continuellement prouver sa stature présidentielle démontre encore une fois ce que je disais déjà dans mon message du 4 juillet dernier : Sarkozy n'a pas les épaules.
Et ce n'est pas son discours de hier sur le réchauffement climatique, devant l'Assemblée Générale des Nations-Unis, donc devant les représentants de tous les pays du monde, dont 99 chefs d'Etat ou de Gouvernement, dans lequel il a fait des fautes de français tous les trois mots, qui va me convaincre du contraire. Dire qu'on se moquait de Bush...

Monday, September 24, 2007

Sécurité sociale

Donc, c'est décidé, la franchise sociale va se faire. Et les pauvres, qui ont déjà du mal à se soigner, vont avoir encore plus de mal. Et dans de nombreux cas, ne se soigneront plus. De même, on nous prépare déjà à une une n-ième réforme des retraites. Vous, je ne sais, pas, mais moi, puisque j'ai fait quelques études, il m'est tout simplement impossible d'avoir une retraite pleine : j'ai commencé à travailler à 25 ans (on compte un an d'armée, eh oui. Et ça ne compte pour rien pour la retraite...), et à partir de 2012, il faudra cotiser 42 ans, ce qui m'amène à.. 67 ans, sachant que l'âge limite est de 65 ans. Il me manquera donc 2 ans de cotisation...
La question principale concernant les systèmes de protection sociale est : jusqu'à quel point peut-on les vider de leur contenu et continuer à prétendre qu'ils ont encore une utilité ?
Maintenant, Fillon fait des déclarations ridicules sur la France qui serait "en faillité", et on nous explique que le déficit de la branche santé est encore plus élevé que les prévisions. Mais personne ne fait la relation avec les baisses de charge dont bénéficient les entreprises, qui minent le budget de la Sécurité Sociale.
L'Etat, avec la baisse des charges, fait des cadeaux avec de l'argent qui n'est pas à lui : la Sécu, ce n'est pas l'Etat. J'imagine qu'on va bientôt nous expliquer que c'est de la faute des assurés, qui "abusent", pas du tout des professions médicales (dont Sarkozy s'est empressé d'augmenter les honoraires dès qu'il est arrivé à l'Elysée) ni des entreprises pharmaceutiques aux profits titanesques...

Wednesday, September 19, 2007

Pot pourri

Bon, là, je craque : je vais faire un pot pourri des pires prestations de la Sarkozy de ces derniers jours. Parce que si je commence à écrire un article séparé pour chacun, je vais jamais en finir. Donc, tarif de gros, aujourd'hui :

Bruits de bottes
Les déclarations tonitruantes de Kouchner font peur. En tout cas à moi. Pour qu'un ministre se mette à dire qu'il faut "se préparer au pire", "à la guerre" avec l'Iran, c'est vraiment que ça doit imminer. Après avoir réussi à échapper au désastre irakien, la France va donc se jeter la tête la première dans ce qui s'annonce d'ors et déjà comme un futur désastre iranien.
Et à nouveau, comme en Irak (et comme en Ethiopie, voir un article assez ancien de ce blog), on nous ressort les mêmes arguments éculés et invraisemblables : l'Iran se prépare à attaquer l'Occident avec ses puissantes bombes atomiques, il faut les désarmer maintenant pour ne pas avoir à le faire plus tard, mieux vaut les combattre là-bas que d'avoir à le faire à Time Square (ou sur les Champs Elysées), l'Iran soutient le terrorisme, ils sont responsables de la situation catastrophiques en Irak (que la situation en Irak puisse venir du simple fait que les Irakiens sont prêts à tout pour éviter d'être dominé par une autre nation, ça n'a évidémment effleuré l'esprit de personne. Ca ne rentre tout simplement pas dans le cadre de pensée des faucons, comme dirait Chomsky), etc. En tout cas, si on nous sort dans un jour ou deux un sondage qui "prouve" que les Français sont pour une guerre avec l'Iran, on saura ce que valent ces sondages...
Il n'aura pas fallu 6 mois à Sarkozy pour que des bruits de bottes résonnent en France.

Au revoir, les enfants
L'inspection académique du département du Haut-Rhin, dans un mail envoyé lundi dernier à tous les établissements scolaires du département, demandait au personnel de ces écoles de recenser tous les enfants sans-papier. Devant le tollé généralisé, un mail annulant le premier était envoyé le jour même.
On imagine aisément qu'en l'absence de réactions, la rafle aurait été l'étape suivante...

Acide désoxyribonucléique
L'amendement Mariani propose que, pour l'immigration dans le cadre du regroupement familial, les candidats à l'immigration se voient proposé, "sur la base du volontariat", des tests ADN pour prouver leur relation familiale.
Sur la base du volontariat, évidémment : ils ont toujours la possibilité de ne pas immigrer, mais ceux qui refuseront cette procédure auront-ils une chance d'être admis en France ? On peut en douter. Ca sera donc aussi obligatoire que possible, si on veut aboutir.
Comme d'autres l'ont fait remarquer, les familles recomposées, mais aussi les cas d'enfants adultérins ne passeront pas ce test, bien sûr. Mais qui s'en soucie, au gouvernement ?

Le retour de l'île de la Jatte
Le Canard enchainé révèle ce matin que le parquet de Nanterre a ouvert une information judiciaire concernant les conditions d'achat de l'appartement de Nicolas Sarkozy situé sur l'Ile de la Jatte à Neuilly. Rappellons que la résidence dont cette appartement, acheté à un prix étonnamment bas, et avec des travaux à façon dont n'ont bénéficié aucun des autres acquérants, faisait partie était construite sur un terrain cédé au promoteur par la municipalité. Le maire était Nicolas Sarkozy. Lequel doit être reconnaissant à la justice d'avoir attendu qu'il soit élu avant de lancer cette procédure. Vu la faiblesse de ces dénégations (il a lancé un définitif "c'est stupide", mais n'a pas, par exemple attaqué le Canard enchaîné en diffamation, comme la gravité des accusations le commandait pourtant), on imagine qu'il ne doit pas en mener large. Heureusement que le Conseil constitutionnel a statué pour une irresponsabilité totale du chef de l'Etat, façon Louis XVI après le décret du 10 octobre 1789. Vivement Varennes...
Rappellons surtout que cette histoire, dont le Canard avait fait ses choux gras pendant au moins trois semaines en février, en pleine campagne électorale, n'a été que très peu reprise par les autres médias, alors que dans d'autres pays, vraiment démocratiques, l'homme politique concerné n'aurait pas seulement dû retirer sa candidature, mais aurait vu sa carrière politique brisée, non sans raison. Ca n'a pas empêcher France Info de dire ce matin que cette affaire "avait fait beaucoup de bruit en pleine campagne électorale".
Voila comment on réécrit l'Histoire...

Va chercher la croissance !
Sarkozy et son gouvernement tablent toujours sur une croissance de 2,25% pour 2007, alors que l'OCDE et la Commission Européenne ont réctifié leur prévision à moins de 2% concernant la France.
Outre cette attitude totalement irresponsable qui va faire exploser les déficits (et qui n'est pas sans rappeller le budget ubuesque pondu par Sarkozy en 2005, quand il a été très brièvement ministre de l'Economie et des Finances), on ne peut que s'étonner de l'attitude de Sarkozy qui a déclaré "le point de croissance manquant, j'irais le chercher". A nouveau, on est en plein délire méssianique. Que peut-il faire que les autres ne peuvent pas ?
A moins d'une petite guerre, peut-être...

Thursday, September 13, 2007

Sicko

Le dernier film de Michael Moore ne bénéficie pas que de critiques favorables, pour ne pas changer. La différence, c'est que cette fois-ci, certains l'accusent d'avoir travesti la vérité, en particulier quand il parle du système de santé français (Télé 7 jours : "Si l'on admire toujours sa faconde offensive, il élargit hélas son enquête à la France. Et, en terre inconnue, il avance des sottises et surligne son trait", Ouest France : "(...) son système d'attaque s'autodétruit car la manière angélique dont il raconte une France paradisiaque enlève toute crédibilité au reste").
Après l'avoir regardé, je n'ai rien vu de particulièrement mensonger dans ce film. Quand il dépeint le système de santé français, il omet effectivement de parler du ticket modérateur (ce qu'il fait pourtant quand il parle du système britannique) ou de l'euro obligatoire en consultation, tout en n'affirmant pas, comme beaucoup de médias le prétendent, qu'en France, tout est gratuit. Cela change-t-il fondamentalement quelque chose au propos ? Evidémment non. La critique fondamentale qu'il émet à l'encontre du système étatsunien reste tout à fait valable (pour comparer : on parle à un moment d'un Canadien qui est parti en vacances aux Etats-Unis, et qui, parce qu'il s'était blessé, s'est retrouvé avec une facture 600.000 dollars pour 3 jours d'hospitalisation). Et les systèmes de santé d'autres pays dont le film parle (Canada, Royaume-Uni, France, Cuba) ne servent qu'à démontrer qu'un système aussi mauvais n'est pas une fatalité. L'exemple de Cuba est évidémment particulièrement piquant, étant donné qu'il s'agit d'un pays du Tiers-Monde et d'un ennemi des Etats-Unis, sous embargo depuis 50 ans (la scène où une des secouristes du 11 septembre que Michael Moore a emmené avec lui voit l'inhalateur qu'elle achète 120 dollars aux Etats-Unis vendu l'équivalent de 5 cent à La Havane et fond en larmes, car elle n'a qu'une pension de 1000 dollars par mois, est difficile à supporter C'était tellement visiblement spontané et pas prévu que j'en ai eu moi-même les larmes aux yeux, je l'avoue). Cela n'empêche pas ce pays d'avoir un système de santé bien supérieur à celui des Etats-Unis.
En clair, le propos de Michael Moore quand il parle des systèmes de santé au Canada, au Royaume-Uni, en France ou à Cuba, n'est nullement de se livrer à une analyse poussée de ces sytèmes, mais simplement de prouver qu'il existe des alternatives au catastrophique système étatsunien (qui est son sujet principal), qui, elles, semblent fonctionner de manière satisfaisante.

Ces critiques donnent la désagréable impression de chercher à toute force à déconsidérer le propos de Michael Moore, en utilisant tous les arguments disponibles, peu nombreux pourtant. On peut se demander ce qui motive cette attitude.

Après avoir parlé du film, j'aimerais parler brièvement de la situation qu'il montre :
Aux Etats-Unis, 35 millions de personnes n'ont aucune couverture maladie, et ceux qui en ont une sont tellement mal couverts qu'ils se retrouvent dans une situation catastrophique dès qu'ils ont un pépin qui dépasse le simple rhume. Parce que les assurances, qui sont des entreprises privées, vont chercher, et trouver toutes sortes d'arguties juridico-médicaux pour ne pas payer. On va dire que la victime d'un accident de la route, transportée à l'hôpital inconsciente, ne se verra pas remboursée de ce transport car elle n'a pas obtenu d'agrément préalable de l'assurance, ou on va laisser mourir (littéralement) un cancéreux car la greffe de moelle qui pourrait le sauver est considérée comme un "traitement expérimental" (et donc non-couvert) par l'assurance. On va fouiller à posteriori dans les dossiers médicaux des patients à la recherche d'un trouble qu'ils auraient oublié de déclarer lors de leur inscription (seuls les maladies graves doivent être déclarées, mais le film donne un exemple où une mycose est considéré par l'assurance comme une maladie grave, et elle casse donc son contrat, avec effet rétroactif, puisque la patiente a "menti sur son état de santé". Elle devra donc rembourser le coûteux traitement médical qu'elle venait de se faire rembourser).
Le véritable malheur, c'est que l'Etat autorise ce type de pratique, autorise les assurances à passer outre les traitements proposés par les médecins en qualifiant certains traitements "d'expérimentaux" ou permette qu'on qualifie une mycose de "maladie grave". Le film montre clairement le cynisme de Nixon, qui a créé ce système délibérement pour permettre à ses amis assureurs de s'enrichir. Une preuve de plus que quand le monde politique et le milieu des affaires sont trop étroitement mêlés, il n'en ressort rien de bon pour le pays et le peuple.

Une dernière chose à propos de "Sicko" : Allez le voir !

Sunday, September 09, 2007

Choc

Cette vidéo de Naomi Klein (auteur de "No Logo") et Alfonso Cuarón, inspirée du best-seller "The Shock Doctrine" de Naomi Klein (lisez ce qu'en dit Courrier International), procure un éclairage particulier aux évènements de ces dernières années, comme le 11 septembre, par exemple. La thèse défendue est que, même si les catastrophes ne sont pas provoquées délibérement, un système a été mis en place de longue date dans de nombreux pays occidentaux, à commencer par les Etats-Unis, pour en profiter afin de mettre en place des mesures autrement impopulaires, délibérément et systématiquement. Autrement dit : les catastrophes seraient attendues avec impatience.
Profiter du malheur pour provoquer encore plus de malheur. On en revient à la question que je posais dans un message précédent : se pourrait-il que nos gouvernements ne nous veuillent pas du tout du bien ?

Thursday, September 06, 2007

Dépénalisation du droit des affaires

Jeudi 30 août, Sarkozy s'est vraiment surpassé. Il avait déjà pris des mesures ubuesques (le bouclier fiscal, par exemple) et fait des déclarations insensées (celle sur la pédophilie qui serait due à un facteur génétique, par exemple), mais là, il aura du mal à faire pire.

Il a déclaré lors de l'université d'été du Medef, à laquelle il a participé (au mépris de l'impartialité théorique du chef de l'Etat) : "La pénalisation de notre droit des affaires est une grave erreur, je veux y mettre un terme". Il a réitéré hier lors du bicentenaire du code du Commerce au Tribunal de Commerce de Paris : "la pénalisation à outrance de notre droit des affaires est une grave erreur (...) Je veux y mettre un terme". Pour lui, le sujet "ne prête pas à polémique" (je ne savais pas que le pouvoir du président s'était accru au point qu'il puisse décider des sujets de polémique). Il a développé son propos : "Qu'est-ce qui justifie que lorsqu'il existe des sanctions prononcées par l'administration ou par une autorité de régulation, viennent s'y ajouter des sanctions prononcées par des juridictions pénales ?"

Examinons un peu les délits financiers dont il pourrait être question :
-Détournement de fond
-Faillite frauduleuse
-Abus de bien social
-Financement illégal de parti politique (tiens donc...)
-Délit d'initié
-Corruption
-Fraude fiscale
-Contrebande

Sarkozy veut donc dépénaliser tout ou partie de ces délits. Mais à quel titre ? Le droit pénal est là pour protéger la société contre les comportements délibérés qui pourraient lui nuire. Il est clair que les délits énumérés ci-dessus entrent en plein dans cette définition. Une précision : la délinquance financièrea elle seule génère plus de la moitié du "chiffre d'afaire" criminel de la France. C'est loin d'être un phénomène négligeable.

D'après le président, il faudrait que seules les juridictions civiles soient compétentes pour ses infractions. Rappellons que les juridictions civiles n'ont pas la possibilité de demander d'investigation et que c'est au demandeur (la victime) de prouver la réalité des faits. Actuellement, elles attendent la conclusion des juridictions pénales et statuent en fonction de ces conclusions. Les investigations sont donc menées par le parquet (le parquet de Paris a une cellule financière exprès pour ça, qui risque donc de disparaître), qui peut requérir la police, la gendarmerie, les douanes, l'inspection des impôts, l'inspection du travail, la DRIRE, etc. Apporter la preuve risque donc d'être dans la plupart des cas tout simplement impossible. Exemple : un salarié licencié économique (la victime), parce que l'entreprise a été sapée par un abus de bien social ou un détournement de fond, n'a absolument pas les moyens d'apporter la preuve de ces faits. Et sera donc tout simplement débouté. La réforme va donc conduire de fait à une autorisation de tous ces délits. La magouille légalisée et autorisée.

Les délits financiers ne sont pas des crimes sans victimes ! Les salariés, les concurrents, l'Etat, les clients, les fournisseurs, les actionnaires et les créanciers (les banques, mais aussi souvent la Sécurité Sociale) de l'entreprise sont les victimes ! Nous sommes tous concernés, et c'est nous qui réglerons l'ardoise à la fin.

Pour éclairer complètement la scène, il faut préciser que la législation française sur le droit des affaires est déjà l'une des plus laxistes parmi les pays de l'OCDE, et qu'elle est qui plus est appliquée de manière très "souple" (environ 2000 cas pour toute l'année 2006). On cherche donc vainement "l'outrance" donc parle Sarkozy...

On ne peut qu'être frappé par le changement de discours de Sarkozy, qui se veut le chantre de la "tolérance zéro" quand il s'agit des pauvres, mais veut permettre aux plus riches de nuire à la société en toute impunité.

On ne va pas se mentir : la collusion entre le pouvoir politique et le milieu des affaires devient manifeste, surtout qu'il n'y avait déjà pas beaucoup de place pour le doute si on examine les fréquentations du président, et notamment les personnes qui financent ses vacances. L'immoralité est au pouvoir. Vous avez dit "prévarication" ?