Tuesday, July 31, 2007

Incivilités

Ce soir, je suis rentré tard de mon boulot, dans une banlieue tranquille, au sud-est de Paris, à mi-chemin de Melun. Il est 21 heure. Dans le RER D, deux jeunes femmes qui venaient d'essayer de me taxer 50 cents sur le quai (une dizaine de minutes avant quand même. Elles n'ont pas l'air de me reconnaitre) s'asseyent juste derrière moi. Elles ont autour du milieu de la vingtaine et ont un lourd accent "de la ZUP". Je suis en train de lire tranquillement. Après quelques minutes, l'une d'entre elles sort un téléphone portable, l'un de ces modèles bruyants faisant aussi office de sono portable. Elle met de la musique, trop fort, en changeant constamment de morceau. C'est difficile à supporter. Je me retourne. Celle qui a le téléphone est dos à moi. Je jette à l'autre un regard que je veux significatif. Elle me lance immédiatement "si vous z'êtes pas content, vous z'avez qu'à prendre le taxi, hein !"
Décontenancé, je lance "petite conne" et je me tourne pour revenir à ma lecture. Que faire d'autre ? Mais elle répond, un truc du style "si j'étais un mec, ça s'rait une tarte dans ta gueule !" Je lui réponds un truc du même niveau intellectuel, je dois bien le reconnaitre, du style "si t'étais un mec, je te démolirais", puis je me remets à lire. Mais sa copine, encouragée par l'attitude de son amie, porte maintenant le téléphone toujours musical à son oreille. Il se trouve donc à quelques centimètres de la mienne, d'oreille. Je suis agacé. Je me retourne, avec l'intention d'attraper le téléphone. L'autre a semble-t-il deviné mon intention, puisqu'elle fait : "t'as pas intérêt à essayer de prendre mon téléphone !", au moment où je fais exactement cela, dans un geste rapide. Elles bondissent sur leurs pieds et commencent à m'invectiver, de me traiter de voleur, avec un ton étrangement enfantin, alors que ce ne sont plus des adolescentes. C'est un étrange mélange de menaces, de prières et d'évidents mensonges ("c'est ma mère qui me l'a donné et elle est morte", par exemple. Vu l'appareil, qui doit avoir quelques semaines tout au plus, c'est un évènement qui a dû se produire très subitement). Elles me saisissent la main, dans de vains efforts pour me faire lâcher prise. Je me lève. Sa copine, celle qui tenait l'appareil à l'air un peu plus raisonnable. Je leur dit que je leur restituerais l'appareil quand elles descendront. Elles répliquent tout de suite qu'elles descendent à la prochaine station. Je leur dit alors de descendre au niveau inférieur (c'est une rame à étage et nous sommes en haut) avec leur téléphone. Elles répiquent ensemble que oui bien sûr, elles se cassent, promis. Je lâche le téléphone. Une fois le téléphone en sécurité, la grande gueule se met alors à m'injurier, à me traiter de tous les noms. Elle me crache dessus, me ratant heureusement, puis me balance une gifle. Mes lunettes volent. Je ne vois plus grand chose.

A ma grande honte, je dois bien dire que j'ai fait deux pas vers elle dans l'intention de la frapper. Je me contrôle finalement. Je fais 1,80 m et je pèse plus de 90 kg. Même si j'ai maintenant pas mal de kilos en trop, j'étais assez sportif, étant plus jeune. Si je fais ça, ça va mal se terminer. Elle a fait un bond en arrière, elle crie que je n'ai pas intérêt à la toucher parce qu'elle est enceinte. Si c'est vrai, vu son gabarit poids plume, elle a dû apprendre la nouvelle récemment... De toutes façons, je me maitrise de nouveau. Elle crie aussi qu'elle va appeller la police, ce à quoi je réponds qu'elle peut y aller, on va l'attendre ensemble.
J'entends du bruit derrière moi. Un autre passager se rapproche à grands pas. Il dit "elle est là, la police". C'est un homme dans le début de la quarantaine, en civil. La grande gueule crie "il a essayé de me voler mon téléphone". Visiblement, il a suivi toute la scène. Il répond "Non, il en avait marre d'avoir du bruit derrière lui, il a cru pouvoir régler le problème en vous en privant pour la durée du trajet". Je retourne récupérer mes lunettes, sur un siège. Une branche est légèrement faussée et une aile pliée. Je commence à redresser. Je m'aperçois qu'il y a du sang sur l'aile pliée. L'aile m'a égratinée le nez. J'en ai plein le pif. Rien de grave, toutefois. J'ai juste l'air con. Après des palabres avec le policier, les deux garces partent effectivement vers de nouvelles aventures au niveau inférieur de la rame. Je me rassieds. Je dis au policier "Vous auriez pu intervenir plus tôt", ce qui est à la fois vrai et profondément injuste. Rien ne l'obligeait à intervenir, en fait. Il méritait mes remerciements. Il me répond "je ne suis pas en service, vous savez, et ,vous n'auriez pas dû prendre son téléphone". C'est possible. Je me rassois. Bientôt, j'entends au loin la musique du téléphone des deux idiotes (je jure que c'est vrai). Evidémment, aucun autre passager (une dizaine) n'a bronché pendant toute l'histoire (je rajoute cette phrase après coup, tellement je n'avais pas pensé à eux avant).

Ca m'amène à la raison pour laquelle je raconte tout ça ici :
Qu'aurais-je dû faire ? Me laisser emmerder ? Ca n'aurait pas été juste pour moi, et après la première invective causée simplement par un de mes regards, ça m'était tout simplement impossible. La frapper ? Je suis content d'avoir réussi à me contrôler. Et elles étaient clairement inaccessibles à toute forme de discussion.
Une situation ingérable, sans issue, en somme. Sans l'intervention du policier, je ne sais pas comment ça se serait terminé, honnêtement. Difficile de se préparer à une confrontation de ce genre. Même maintenant, à tête pas encore tout à fait froide, mais presque, je ne vois pas à quel moment j'aurais pu infléchir les choses pour éviter tout ça. Ca fait peur, car ça peut se reproduire n'importe où et n'importe quand, et je n'ai aucune idée comment réagir mieux que je ne l'ai fait (même si je ne me fais aucun reproche et que je suis content d'avoir réussi garder mon calme).

Je me pose des questions. Comme je l'ai dit, il ne s'agissait pas d'adolescentes. Je n'ai pas eu un comportement irréprochable quand j'avais entre 14 et 17 ans, je dois le reconnaitre. Mais elles avaient passé la vingtaine, clairement.
Qu'est ce qui peut expliquer leur attitude ? Elles semblaient presque rechercher une confrontation qui ne pouvait pas se terminer à leur avantage. Que voulaient-elles, au juste ? Pourquoi emmerder comme ça leur entourage ? Elles devraient avoir passé l'âge de l'affirmation de soi.

Je ne suis pas en colère. En fait, j'ai plutôt pitié d'elles. On imagine facilement le genre de vie pas trop enthousiasmante qu'elles doivent mener, sans vraie perspective de voir les choses s'améliorer. Banlieue de merde, scolarité pas très concluante, boulot merdique ou chômage, sans issue en vue. L'impression de n'avoir aucune maitrise sur le cours de sa propre vie. Ca n'excuse rien, bien sûr. Mais ça explique sans doute beaucoup.

Vos commentaires seront plus qu'appréciés, pour cet article bien plus personnel que ce que j'écris d'habitude. Qu'auriez-vous fait à ma place ? Que pensez-vous du comportement de ces personnes ? La violence est-elle une fatalité ?

Friday, July 27, 2007

DADVSI, le retour

Un des secrets les mieux gardés de la dernière législature : lors du vote de la loi DADVSI, c'était Sarkozy qui était à la manoeuvre. Maintenant, il va revenir sur cette loi qu'il doit juger trop laxiste, j'imagine.

Citation du Président Sarkozy : Si on continue comme ça, on va tuer la culture". Et il vient de nous pondre une commission chargée d'étudier les moyens de réprimer le téléchargement (maintenant) illégal.

Wednesday, July 18, 2007

L'Irak s'invite en plein Manhattan

Des vétérans ayant servi en Irak reconstituent l'ambiance des patrouilles en plein Manhattan, pour l'édification des masses. Les arrestations brutales. Les sacs sur la tête. Les snipers. Il n'y a là rien de propre ni de bon. Au moins maintenant les habitants de Manhattan s'en rendent compte. Visitez leur site.

Monday, July 09, 2007

"Je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout ! Je ne capitule pas !"

En 1959, Eugène Ionesco a écrit "Rhinocéros". Dans cette pièce, on met en scène un village anonyme dans lequel les gens se transforment peu à peu en rhinocéros. D'abord une première personne, puis de plus en plus. Les gens commencent à trouver séduisante l'idée d'être un rhinocéros. On construit des argumentations pour expliquer qu'être un rhinocéros, c'est bien.

Vous ne trouvez pas que DSK et Lang sont étrangement verts, ces jours-ci ?

Wednesday, July 04, 2007

Gesticulations

Nicolas Sarkozy a été élu il y a deux mois maintenant, et on voit déjà pour quelle raison on va le détester : Comme Raffarin, dont on voyait bien dès le commencement que les raffarinades (que tout le monde trouvait géniales au début) seraient la raison pour laquelle on allait finir par le détester, Sarkozy a un travers évident : la gesticulation. Il est omniprésent dans les médias, annonce ceci, change d'avis (recule), passe à la télé, fait des déclarations fracassantes non-suivies d'effet, rappelle qu'IL EST LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, comme s'il cherchait à s'en convaincre lui-même, fait du jogging en public, visite les victimes de bavures policières, fait libérer des prisonniers politiques dans des pays étrangers, etc.
Je crains que ça ne lasse très rapidement les citoyens, qui ont élu un président, pas un amuseur.
Moins de paroles, plus d'action (vu son programme, j'ai peur de regretter rapidement d'avoir dit ça) !

Quand Chirac a été élu en 1995, on a rapidement compris qu'il n'avait pas vraiment pensé à l'après-élection, et qu'il n'avait d'autre ambition que de ce faire élire. Cette impression ne s'est jamais vraiment démentie, et se remarque sur son bilan d'une vacuité impressionnante.
Deux mois après l'élection de Sarkozy, on s'aperçoit qu'il n'a sans doute pas la carrure pour être président, ce qu'on remarque par son attitude entièrement basée sur la posture, comme s'il cherchait constamment à convaincre qu'il est bien le Président de la République française et par sa propension assumée au micro-management. J'ai bien peur que cette impression ne se démente jamais vraiment non plus...